COMMENT CREER UN BEAU MASSIF

AU JARDIN ?

Créer un beau massif au jardin

Qui n’a jamais rêvé d’un beau jardin, dont la pelouse bien verte sert d’écrin à des massifs plantureux et hauts en couleurs ? Mais quand il s’agit de créer un beau massif, fleuri et coloré, certains débutants ne savent pas par où commencer. Quelle taille doit avoir mon massif ? Quelle forme ? Que puis-je y planter, à quelle distance, dans quel ordre, pour quelles saisons ? Autant de questions qui peuvent au final décourager les plus motivés. Il en résulte des achats faits un peu au hasard, qui se soldent bien souvent par des échecs malheureux. Dans cet article, je vous propose un petit tour d’horizons des critères essentiels à considérer lorsque vous voulez composer un massif, beau et intéressant toute l’année. Découvrez ces 8 conseils et astuces pour faire un beau massif.

1. Quelle taille et quelle forme pour mon massif ?

Préférez des massifs de bonnes dimensions pour pouvoir faire des associations variées

Préférez des massifs de bonnes dimensions pour pouvoir faire des associations variées

Un massif est constitué de plusieurs plans. Selon la taille du massif, le premier plan et l’arrière-plan seront plus ou moins éloignés l’un de l’autre, et des plans intermédiaires viendront éventuellement s’y intercaler. Dans tous les cas, et si la configuration le permet, il est plus intéressant de travailler sur une largeur suffisante. Une bande étroite laisse moins de marge de manœuvre pour créer des plans différents et associer les végétaux entre eux, d’autant plus si l’on veut intégrer des arbustes ou des arbres. Pour faciliter l’accès au centre du massif pour l’entretien (désherbage, taille, arrosage, paillage…), quelques dalles disposées ici et là permettent de ne pas piétiner vos plantations.

Pour la forme, libre à vous de choisir. Les formes organiques semblent plus naturelles et conviennent mieux à des ambiances de jardin anglais pour une maison à la campagne. Pour les matérialiser en amont, n’hésitez pas  placer un tuyau d’arrosage au sol afin d’en marquer les contours (attention toutefois à ne pas dessiner de courbes trop serrées, qui peuvent rendre difficile le maniement de la tondeuse). Les formes géométriques impriment au jardin une touche formelle et classique. Le plus important reste que vous vous sentiez bien dans votre jardin, et qu’il corresponde à vos goûts.

Un massif peut être au milieu du jardin ou adossé à un élément vertical comme un mur.

Un massif peut être au milieu du jardin ou adossé à un élément vertical comme un mur.

Enfin, un massif peut être adossé à un mur, une barrière ou une haie (sur lequel votre massif s’appuiera), ou trouver sa place au beau milieu du jardin. Dans ce dernier cas, considérez le centre du massif comme étant l’arrière-plan. Toutes les parties en périphérie représenteront autant de plans supplémentaires.

2. Préparer le sol du massif et anticiper les plantations.

Une fois les contours choisis, le sol est préparé pour recevoir les plantations, qui sont effectuées en automne.

Une fois les contours choisis, le sol est préparé pour recevoir les plantations, qui sont effectuées en automne.

Une fois la taille et la localisation définie, il vous faut préparer le sol à accueillir les futures plantes.Le meilleur moment pour préparer un nouveau massif et pour planter est l’automne. Les avis divergent quant à l’utilisation ou non d’un motoculteur. Certains dénoncent son action mécanique trop puissante, qui dérange, déstabilise, voire détruit l’équilibre du sol. Je partage ce point de vue si l’on parle d’une utilisation régulière d’une motobineuse au même endroit, régulièrement, comme on pourrait par exemple le faire dans un potager où les cultures seraient amenées à changer d’une année à l’autre. Pour la mise en place d’un massif ornemental, c’est à mon sens un faux problème. Si cela engendre quelques bouleversements, ils seront bien vite compensés par la suite. Le sol ne sera plus jamais labouré, et les apports de matières organiques réguliers amélioreront même sa structure et sa faune. D’autre part, pour les grands massifs, et surtout en sol lourd et compact, c’est parfois la seule solution, surtout si vous voulez épargner votre dos.

Selon votre sol (léger et sableux ou lourd et compact), il peut être utile de procéder à quelques amendements (compost, sable, graviers…). Ils permettent à la fois d’améliorer la structure et d’apporter certains éléments nutritifs.

Connaître votre sol est primordial ! Chaque plante a en effet des exigences de culture qui lui sont propres. Les fougères ont par exemple généralement besoin d’un sol souple, plutôt acide, et qui reste frais, alors que les lilas peuvent supporter le calcaire et la sécheresse (pour connaître le Ph de votre sol, des kits prêts à l’emploi existent en jardinerie). L’exposition est aussi un facteur important. Si vous plantez côte-à-côte une plante de plein soleil et une autre qui a besoin d’ombre, il y a fort à parier que l’une des deux finira par souffrir, voire mourir.

Enfin, la rusticité des plantes (leur capacité à résister à des températures basses) est très variable, et elle peut être influencée par certains facteurs (vents, humidité stagnante, durée de la période de froid…).

N’oubliez jamais cet adage, répandu parmi les jardiniers :

« La bonne plante au bon endroit ».

La bonne plante au bon endroit. Fougère et Lilas n'ont pas les mêmes besoins.

« La bonne plante au bon endroit » : Fougère et Lilas n’ont pas les mêmes besoins.

Cela peut sembler compliqué au début, mais les pépiniéristes sérieux (sur site ou en ligne) indiquent toujours ces informations pour leurs plantes, et peuvent vous conseiller.

3. Varier les hauteurs

Dans un massif, les plantes les plus hautes sont placées à l'arrière.

Dans un massif, les plantes les plus hautes sont placées à l’arrière.

Comme nous l’avons vu, un massif est constitué de différents plans. Respectez-les pour un massif harmonieux : pour schématiser, on utilise les plantes les plus hautes à l’arrière, les moyennes au milieu et les plus basses au premier plan. Si vous débutez, c’est un bon moyen pour ne pas commettre d’erreurs. Évitez en général de placer une plante de 50 cm derrière une autre, haute d’1m50, car elle serait alors cachée. Ce principe est parfois ignoré dans le cas de floraisons décalées. Imaginons une belle et haute vivace qui se développe et fleurit tard en saison. En attendant qu’elle illumine votre massif, rien ne vous empêche d’utiliser le petit espace derrière elle pour y installer des bulbes ou de petites vivaces précoces qui, une fois défleuries, ne représentent plus d’intérêt décoratif. Ces bijoux du printemps disparaîtront derrière votre vivace d’été mais auront pleinement joué leur rôle au préalable.

Verveine de Buenos Aires et Stipa Gigantea font partie de ces géantes transparentes qui ne bloquent pas le regard.

Verveine de Buenos Aires et Stipa Gigantea font partie de ces géantes transparentes qui ne bloquent pas le regard.

Vous apprendrez aussi que certaines grandes plantes peuvent être placées plus en avant. Leur végétation, toute en transparence, ne bloque pas le regard. C’est par exemple le cas des Stipa gigantea ou des Verveines de Buenos Aires. Cela permet de donner du relief à vos compositions, de créer des points d’exclamation dans les massifs, sans les déséquilibrer, à condition bien sûr de ne pas abuser de cette stratégie.

4. Varier les ports et les formes

Évitez d’installer côte-à-côte trop des plantes qui offrent le même port. Alternez port en boule, port étalé, érigé, pleureur…afin de ne pas risquer la monotonie. Là encore, ce principe peut être volontairement ignoré si vous recherchez un effet de style particulier, mais faites-le en connaissance de cause.

Varier les ports (érigé, en boule, tapissant) donne du rythme et du relief à un massif.

Varier les ports (érigé, en boule, tapissant) donne du rythme et du relief à un massif.

Si la taille de votre massif vous le permet, créez des ponctuations en installant des végétaux au port similaire (voire les mêmes plantes) sur la longueur, à distance les unes des autres. Il peut s’agir de verticales ou de plantes au port plus compact.

5. Varier les formes et textures de feuillages

Après la taille et la forme de vos plantes, intéressez-vous au graphisme des feuillages. Dentelés, en forme de cœur, allongés, plus ou moins découpés, fins comme de la dentelle…les feuillages offrent une palette de silhouettes presque infinie. Alternez les grandes feuilles avec les petites, les formes allongées avec les rondes, les dentelées avec celles aux bords réguliers…de façon à faire ressortir l’architecture de chacune grâce à celle de sa voisine, et inversement.

Le choix dans les formes et les textures de feuillages est presque infini.

Le choix dans les formes et les textures de feuillages est presque infini.

De la même façon, vous pouvez jouer sur les textures. Certaines feuilles sont fortement nervurées, d’autres brillantes et lustrées, d’autres duveteuses ou bien encore coriaces. Toutes ne renvoient pas la lumière de la même façon.

6. Varier les couleurs, jouer sur les contrastes (fleurs mais aussi feuilles)

Deux massifs dominés par les couleurs des floraisons en mai.

Deux massifs dominés par les couleurs des floraisons en mai.

Bien souvent, quand les jardiniers débutants pensent couleurs au jardin, ils se limitent aux floraisons. S’il faut bien reconnaître que les fleurs participent à la beauté d’un massif, n’oublions pas qu’elles sont aussi assez éphémères. Si certaines plantes peuvent fleurir pendant de longs mois, beaucoup ne durent que quelques semaines. Et après ? C’est là que les feuillages entrent en scène et prennent toute leur importance. Car le feuillage dure toute une saison, voire toute l’année en cas de végétaux persistants. Bien souvent, l’aspect même du feuillage et ses coloris évoluent, depuis le débourrement printanier jusqu’aux flamboiements de l’automne.

Un superbe exemple de ce que l'on peut faire avec les feuillages (Jardin des Petits Près - Cézy 89)

Un superbe exemple de ce que l’on peut faire avec les feuillages (Jardin des Petits Près – Cézy 89)

Si je ne devais vous donner qu’un conseil, ce serait sans doute de penser feuillage avant de penser fleurs. Outre leurs formes et leur texture, ils offrent une palette de couleurs tout simplement incroyable. Certaines feuilles naissent orangées, puis virent au vert en été, avant de prendre des teintes rouge écarlate en fin de saison, avant de tomber. Et ce n’est ici qu’un exemple parmi tant d’autres.

Quand vous composez votre massif, choisissez des plantes aux feuillages intéressants aussi par leurs couleurs, et veillez à les associer pour qu’ils se mettent en valeur et créent de beaux contrastes. Mariez les tons clairs aux tons plus foncés, associez différentes nuances de verts, insérez des pourpres, des rouges, des bleutés… Les feuillages gris sont passe-partout et permettent de lier les couleurs entre elles. Les feuillages panachés apportent une touche d’originalité, à condition de ne pas trop les grouper, au risque de paraître un peu brouillon.

En général, les feuillages très clairs et panachés sont mieux mis en valeur dans les endroits ombragés du jardin, auxquels ils apportent une touche de luminosité. Les feuillages sombres perdent de leur intérêt dans les mêmes conditions.

La couleur des fleurs me semble plus difficile à maîtriser. Le plus sûr est d’en limiter le nombre, et d’éviter l’effet kaléidoscope en voulant en mélanger trop de différentes. Dans le doute, travaillez sur des camaïeux d’une même teinte (par exemple bleu foncé, bleu clair, rose, mauve…) et jouez ensuite avec les couleurs complémentaires. Les fleurs blanches s’accordent avec tout, permettent de faire le lien et d’adoucir l’ensemble.

7. Planter pour un décor toute l’année.

Plantez pour toutes les saisons. L'automne offre en effet des tableaux aux teintes chaudes.

Plantez pour toutes les saisons. L’automne offre en effet des tableaux aux teintes chaudes…

Un beau jardin, c’est un jardin beau toute l’année ! Combien de massifs regorgent de couleurs au printemps ou en été, mais affichent une tristesse désolante le reste de l’année…

Les plantes sont des êtres vivants qui calent leurs cycles sur les saisons. Pour rendre votre massif intéressant, sélectionnez des plantes qui se compléteront et se relaieront au fil du temps.

La période de floraison est l’un des critères à prendre en compte (et croyez-moi, vous pouvez avoir des fleurs 12 mois sur 12 !), mais n’oubliez pas les feuillages, dont certains se révèlent magnifiquement à une saison donnée (l’automne en est un exemple flagrant, mais ce n’est pas le seul). Si l’hiver offre moins de floraisons, il reste une saison pleine de surprises et de véritables bijoux. Les inflorescences séchées, les chaumes des graminées, les fruits qui persistent sur certaines plantes, et bien sûr les bois et écorces colorés qui, pour certains, valent les plus belles des fleurs. Si vous ne me croyez pas, je vous invite à feuilleter le livre de Cédric Pollet, L’Hiver, une saison réinventée, et je prends le pari que vous changerez d’avis.

...mais l'hiver n'est pas en reste, grâce aux écorces colorées, aux fleurs séchées et aux persistants

…mais l’hiver n’est pas en reste, grâce aux écorces colorées, aux fleurs séchées et aux persistants

En hiver, beaucoup de plantes perdent leur feuilles ou disparaissent en attendant des jours plus doux, mais certains végétaux, dits persistants, offrent une belle présence tout au long de l’année. Ils participent grandement à la structure de votre massif et de votre jardin.

8. Planter serré ou espacé ?

Planter dense ou espacé, chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients.

Planter dense ou espacé, chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients.

Sur ce point, différentes ‘écoles’ s’affrontent. Certains mettent en avant qu’une plantation serrée limite le développement des mauvaises herbes et permet de donner une impression d’opulence plus rapidement. D’autres insistent sur le fait qu’il faut laisser la place suffisante pour que chaque plante se développe dans de bonnes conditions ou que l’air circule pour éviter les maladies. Je vous avouerai que je n’ai pas tranché. Chaque technique a ses avantages et ses inconvénients. Parfois, je plante serré car je n’ai pas encore la place de mettre une plante achetée sur un coup de cœur ailleurs. Cela m’oblige à être plus vigilant, à user un peu plus souvent du sécateur et à procéder à des divisions plus souvent. Au bout de quelques années, je peux même déterrer une plante pour l’installer dans un nouveau massif. A d’autres moments, je plante espacé et comble les vides avec des annuelles, le temps que les arbustes et vivaces aient atteint leur taille adulte. Et puis parfois c’est un mix des deux. Bref, je ne suis pas de règle et préfère m’adapter, en fonction de l’état sanitaire de chaque plante, de son rendu ou de l’effet d’ensemble. Dans tous les cas, renseignez-vous sur les dimensions et l’encombrement des plantes que vous installez, et si vous débutez, préférez une plantation un peu espacée. Il sera toujours plus facile et pratique de rajouter une invité s’il y a un trou dans votre massif que de remanier l’ensemble.

Et pour vous, qu’est-ce qui est important lorsque vous composez un massif ?