mai 2018
Archive mensuelle
Archive mensuelle
Créé par jardindeluchane le 30 mai 2018 | Dans : Annuelles
Cette annuelle, originaire du pourtour méditerranéen et du Proche-Orient, est l’une des plus faciles à réussir et à pérenniser au jardin.
Haute de 60 cm environ pour un étalement d’une vingtaine de centimètres, j’apprécie cette renonculacée pour son feuillage vert clair si finement découpé qu’on dirait de la dentelle.
Ses fleurs, blanches, roses ou bleues (dans différentes nuances) sont également très séduisantes et apparaissent en mai/juin là où la nature a bien voulu les installer. Car elle se ressème toute seule. J’en avais en effet acheté et semé quelques graines il y a 8 ans et depuis, tous les ans, elle gagne différents massifs pour venir accompagner les floraisons des rosiers et autres coquelourdes. Cette fidélité m’enchante car j’aime les plantes sans souci et que je sais en outre que le décor sera différent chaque année.
Nuances de bleus qui se jouent entre la barrière, la Sauge nemerosa Caradona et les nigelles (photo de mon ancien jardin)
Même lorsqu’elles fanent, leur grosses capsules gonflées affichent un graphisme intéressant. Je les laisse mûrir pour qu’elles libèrent leurs semences puis arrache tout ce qui reste afin de conserver un peu de netteté dans les massifs. Il est vrai qu’une fois sèches elles sont beaucoup moins attrayantes et peuvent apporter une touche négligée que je n’aime pas trop.
Très rustiques, leurs graines restent cachées dans les massifs jusqu’au printemps suivant pour donner naissance à de nombreuses fleurs avec parfois d’heureuses surprises comme en 2017 lorsque des pieds au feuillage pourpre ont vu le jour (voir photo).
Il est parfois surprenant de noter les différences de nuances d’une même teinte et il arrive qu’un seul et même pied affiche des corolles qui n’ont ni la même intensité ni le même dessin (voir photo).
Idéale dans les jardins champêtres, romantiques et sans prétention, elle ne fait pas concurrence aux plantes voisines et peut se faufiler partout.
Elle aime les sols drainés, plutôt riches et apprécient le soleil ou la mi-ombre. En revanche, elle déteste être repiquée ou déplacée. Les plants mal placés ou en surnombre s’éliminent très facilement. Au stade de plantule un coup de binette les supprimera et si vous avez un peu attendu elles s’arrachent sans problème à la main.
Les nigelles accompagnent avec grâce les autres floraisons, ici Spiraea japonica ‘Goldflame’ et coquelourdes.
N’hésitez pas à apporter une petite touche de naturel à votre jardin en laissant la Nigelle l’investir librement.
Créé par jardindeluchane le 30 mai 2018 | Dans : Paysagistes
Né le 27 octobre 1944, ce paysagiste néerlandais jouit d’une renommé internationale pour ses créations modernes et originales, en particulier dans les espaces urbains.
Il est sans doute le plus connu des représentants contemporains du ‘New Perennial Movement‘ qu’il a fait évoluer et dont on attribue la lointaine paternité à William Robinson, paysagiste irlandais du 18e siècle. Ce style est également associé aux travaux des paysagistes néerlandais Mien Ruys et britannique Gertrude Jekyll.
Ce mouvement prône l’utilisation des vivaces et graminées afin de créer un jardin visuellement le plus naturel possible aux 4 saisons et qui reconnecte le jardinier avec son environnement.
Piet Oudolf reprend ces principes et les fait évoluer depuis de nombreuses années.
Outre l’aspect naturel du jardin, il prend en compte des considérations écologiques et œuvre à une organisation en apparence moins stricte des plantations.
L’un des paysages les plus emblématiques lorsque l’on évoque son nom est celui de la prairie, sauvage au premier regard, mais savamment organisée.
Pour mieux appréhender et comprendre son travail, il est nécessaire de prendre en considération les éléments principaux qui le définissent.
On n’organise pas et on ne crée pas un jardin de la même façon chez un particulier que dans une zone urbaine. Les éléments existants (maisons, arbres voisins, bâtiments, buildings…) guident le paysagiste dans l’élaboration du projet pour s’y intégrer avec harmonie.
Le sol, le climat, l’exposition, comme dans tout jardin, doivent être pris en considération afin d’adapter le mieux possible la sélection des plantes au biotope existant.
Chaque projet dépend entre autre de la surface à aménager. Outre le contexte local, ce paramètre orientera les choix opérés.
Il est impératif de choisir des plantes solides qui sauront rester belles plusieurs années tout en demeurant sous contrôle sans trop d’interventions de la part du jardinier (protection en hiver, envahissement ou au contraire dépérissement…)
Utiliser des vivaces et graminées ce n’est pas les planter au hasard mais en respectant un certain rythme, en jouant sur les répétitions, les effets de vagues, de couleurs, de textures, de ports…
Les vivaces et graminées choisies doivent être sélectionnées pour présenter un attrait visuel le plus longtemps possible. Il est donc impératif de ne pas s’orienter vers des plantes superbes un mois dans l’année mais qui n’apporteront aucune plus-value esthétique une fois le feu d’artifice passé. Le but est de créer un jardin beau toute l’année. Entre floraisons colorées, fruits décoratifs, feuillages, tiges et ports, chaque saison verra la physionomie du jardin évoluer sans jamais s’appauvrir.
Dans cet esprit, une proportion de 3/4 de plantes structurelles et qui sont donc intéressantes toute l’année sont associées à 1/4 de végétaux qui se remarquent certes par leurs feuillages ou leurs floraisons, mais sur une plus courte période. Dans tous les cas, il considère qu’il n’y a pas de ‘mauvaises herbes’ et que ces dernières peuvent même, tant qu’elles ne dénaturent pas le graphisme initial, participer de la beauté de l’ensemble.
Si Piet Oudolf a également recours aux arbres et arbustes qu’il définit comme les plantes ‘primaires’ ou ‘élémentaires’, c’est avant tout aux vivaces et graminées qu’il s’intéresse donc, s’en servant comme d’accents ‘secondaires’.
Parmi ces plantes, il précise la notion de ‘plante-matrice’. Il s’agit là d’une seule plante ou d’une variété limité d’espèces utilisées en masse et d’où émergeront des plantes plus visuelles (et souvent plus hautes) qui attireront le regard et seront comme autant de points d’ancrage.
Les végétaux les plus simples sont mis à l’honneur, tant qu’ils se montrent assez résistants et qu’ils acceptent la concurrence. Autre aspect important, celui d’attirer insectes et oiseaux dans ce style de jardin.
Outre l’idée de ‘plante-matrice’, Piet Oudolf mise sur des associations de groupes, aplats ou touffes de plantes qui, loin d’être nettement séparées, s’entremêlent, se superposent et se chevauchent afin de flouter les limites.Elle se font également écho en groupes répétés de loin en loin afin de donner du rythme.
Il accorde aussi une importance particulière aux circulations. Pour lui, le jardin n’a d’intérêt que si l’on peut circuler entre les massifs et les plantes, de façon à ce que chaque point de vue en permette une lecture différente. Cela donne également l’impression que le jardin est plus grand qu’en réalité.
Piet Oudolf considère chaque plante comme une entité à part entière qui doit s’intégrer dans un tout en perpétuelle mutation. Au côté trop statique des jardins ‘traditionnels’ il oppose le dynamisme de ses créations. Il n’envie pas les jardiniers qui doivent nettoyer les fleurs fanées et couper les tiges ‘mortes’ pour conserver à leur jardin un aspect soigné. Il préfère pouvoir jouir des bruns et des gris de l’automne et de l’hiver qui auront succédé aux floraisons du printemps et de l’été en ayant sélectionné ses plantes à dessein. Il aime l’idée de nature cyclique opposée à celle de paysage figé car ce sont ce mouvement et cette impermanence qui donnent son ambiance et son âme au jardin.
Il considère les plantes comme des ‘partenaires’ plus que comme des ‘auxiliaires’ et part du principe que le jardinier ne domine pas la nature mais qu’au contraire il s’y invite.
« L’idée n’est pas de copier la nature mais de donner un sentiment de nature ».
Parmi ses réalisations les plus connues on peut citer :
La ‘High Line’, ancienne voie de chemin de fer, est devenue l’une des promenades préférées des New-Yorkais et des touristes.
Paysagiste, Piet Oudolf est également auteur d’ouvrages sur le sujet parmi lesquels ‘Jardins de Vivaces et de Graminées’ (Bordas, 2001) et ‘Jardins d’Avenir – Les plantations dans le temps et dans l’espace’ (Editions du Rouergue, 2005).
Créé par jardindeluchane le 29 mai 2018 | Dans : Grimpantes
[Syn. Rhyncospermum jasminoides]
Liane originaire d’Asie, c’est à mon sens une grimpante incontournable.
Tout d’abord pour son feuillage vert brillant et persistant qui permet un décor pérenne au jardin tout au long de l’année. Il se développe sur de longs rameaux qui se lignifient rapidement pour monter allégrement à 6 ou 8 mètres. Dans certaines conditions (sécheresse, froid) les feuilles peuvent se teinter de pourpre mais c’est un phénomène que je ne n’ai observé chez mes sujets que lorsqu’ils étaient en pots. En pleine terre le feuillage est resté toujours vert.
Autre atout, et pas des moindres, son parfum. Divin, enivrant sans être entêtant, il se perçoit des mètres à la ronde. L’un des pieds du jardin grimpe sur la pergola de la terrasse et ses effluves accompagnent les journées et les soirées de fin de printemps et début d’été puisque il fleurit ici entre fin mai et juin. Même le salon embaume lorsque les portes restent ouvertes.
Ses petites fleurs blanches à cœur d’un jaune pâle discret en forme d’hélices de bateau sont très nombreuses et couvrent la plante au moment de la floraison. En plus d’être parfumé il est donc beau !
Le plus ancien pied du jardin grimpe sur la pergola mais il a fallu l’aider à s’accrocher à un poteau au début.
Il trouvera plus facilement à escalader seul un grillage que le poteau d’une arche où il faudra l’aider en l’accrochant à l’aide de liens.
Il accepte toutes les expositions. Ici, il pousse sous le couvert d’un grand tilleul qui lui fait beaucoup d’ombre au printemps et en été mais cela ne l’empêche pas de fleurir abondamment. J’ai également vu des pieds qui poussaient en plein soleil en Italie.
Ses tiges sont un peu désordonnées et les longues pousses plutôt sinueuses nécessitent d’être un peu maîtrisées, mais cela n’a rien à voir avec une bignone par exemple, beaucoup plus indisciplinée.
Il est tout à fait possible (et même recommandé) de le tailler pour lui conserver les proportions souhaitées ou adaptées à son support. Certains sujets sont même conduits en haies séparatives, accrochés à des grillages. La taille s’effectue après la floraison, donc au cœur de l’été. Ici je me contente simplement de rabattre les tiges trop longues.
Le même pied poussait en pot dans mon ancien jardin et y prenait de belles teintes pourpres en hiver sous l’effet du froid.
Rustique jusqu’à -10 à -15°C, le Trachelospermum apprécie tout type de sols et en pleine terre il peut supporter des phases de sécheresse sans sourciller une fois bien installé. Ici il pousse dans un sol lourd et argileux. Le climat doux et humide du Béarn semble lui convenir parfaitement. Je ne le fertilise jamais. En bref, excepté pour ce qui est d’une taille de temps en temps, il se débrouille seul.
Le bruit de la fontaine toute proche accompagne les effluves du Jasmin étoilé pour des soirées tout en douceur…
C’est donc une liane offrant de multiples atouts et qui reste indispensable si vous êtes sensible aux plantes parfumées !
Créé par jardindeluchane le 28 mai 2018 | Dans : Paysagistes
Surnommée la ‘Reine des Jardins’, Gertrude Jekyll est considérée comme la créatrice des mixed-borders à l’anglaise tel que nous les concevons aujourd’hui.
Née le 29 novembre 1843 à Londres et morte le 08 décembre 1932, cette jardinière d’exception est une véritable touche-à-tout. Ses études d’arts la portent tout d’abord vers la peinture mais elle n’y rencontre pas le succès escompté. Ses talents sont multiples : peinture donc, mais également musique, broderie, travail du bois et du métal, photographie, écriture (une quinzaine de livres et plus de 1000 articles sur les jardins) et bien sûr le jardinage, le paysagisme et la botanique.
Les mixed-borders sont organisés de façon à ce qu’arbustes, vivaces et annuelles s’harmonisent en une tapisserie colorée toute la saison.
Son art s’inscrit en opposition aux jardins formels existants dont elle casse les codes. C’est là l’expression du mouvement ‘Art and Craft’ de l’époque dont elle s’inspire, mouvement qui prône un retour à l’artisanat, au travail manuel de bonne facture, en réaction à l’industrialisation et à la production à la chaîne, impersonnelle et sans âme.
Elle grandit dans le Surrey, un comté au sud de Londres et c’est à Munstead Wood qu’elle s’installe et développe son jardin personnel et sa pépinière.
En 1889 elle rencontre le célèbre architecte Edwin Lutyens (connu par les jardiniers pour ses bancs au style si typique) et lui demande de construire sa maison pour qu’elle s’inscrive harmonieusement au milieu du jardin qu’elle a déjà créé.
De cette rencontre naîtra une des plus célèbres associations du monde des jardins. La paysagiste et l’architecte travailleront par la suite ensemble sur de très nombreux projets.
D’ailleurs, Gertrude Jekyll est la créatrice de plus de 400 jardins (en partie ou en totalité) à travers le Royaume-Uni, l’Europe et les États-Unis. Beaucoup sont malheureusement tombés dans l’oubli et n’ont pas été entretenus, de sorte qu’un petit nombre subsiste aujourd’hui.
Les jardins de cette ‘artiste-jardinière’ (comme elle aimait se définir) sont richement colorés, mais derrière le chaos apparent, tout est pensé et maîtrisé. L’équilibre des couleurs, textures et parfums est mûrement réfléchi. De grands groupes de couleurs sont ponctués de touches de teintes complémentaires et des tâches de gris et de blancs permettent une harmonie qui ne heurte pas le regard. Par exemple, elle utilise des fleurs bleues et jaunes pour créer une sensation de lumière, et le contraste qui naît de l’association entre fleurs d’un bleu froid et feuillages gris, le tout ponctué de rouges et oranges lumineux et chauds est l’un des thèmes récurrents dans son œuvre. Cet esthétisme est d’autant plus surprenant que la jardinière souffrait d’une vue défaillante.
Vivaces, arbustes, annuelles, chaque groupe de plantes est utilisé pour que les floraisons soient échelonnées sur toute la saison. Les grimpantes ne sont pas oubliées et festonnent murets de pierres sèches, escaliers et pergolas. Les jeux d’ombre et de lumière sont également intégrés à ses compositions qui sont divisées en espaces compartimentés afin de ménager des effets de surprise. Ses jardins naturels, inspirés par l’impressionnisme font immanquablement penser aux ‘cottage-gardens’ dont le charme est sans égal.
Parmi ses réalisations encore visibles de nos jours, citons :
Le Bois des Moutiers, à Varengeville–sur-Mer est le seul jardin créé en France par Gertrude Jekyll (Photo : Bois des Moutiers, avec leur aimable autorisation)
Les ‘mixed-borders’ de Gertrude Jekyll au Bois de Moutiers (Photo : Bois des Moutiers, avec leur aimable autorisation).
Gertrude Jekyll s’éteint le 8 décembre 1932 mais son nom résonne encore dans de nombreuses jardins tant son influence a été grande dans ce domaine.
Et vous pouvez toujours insuffler son esprit dans votre petit paradis en y plantant un exemplaire du rosier obtenu par David Austin en 1986 et qui porte son nom. Ce rosier anglais arbustif et remontant aux belles fleurs doubles d’un rose intense diffusera un puissant parfum que vous pourrez toujours imaginer être celui de la jardinière britannique déambulant entre les massifs…
Pour compléter le tableau, il ne vous restera qu’à installer çà et là quelques citations pour ponctuer l’hommage que vous lui rendrez.
‘Le jardin est un grand maître. Il enseigne la patience et l’attention, il enseigne le dur labeur et l’épargne. Et par dessus tout il enseigne la confiance totale’
‘L’amour du jardinage est une graine qui une fois semée ne meurt jamais’
‘Il y a toujours au moins un jour de Février où l’on sent le parfum, lointain mais annonciateur de l’été déjà en chemin’.
Créé par jardindeluchane le 27 mai 2018 | Dans : Arbres du jardin
Cet arbre originaire des USA n’est pas à envisager dans les petits jardins. Si dans son milieu naturel il peut monter jusqu’à 40 mètres, il reste souvent bien plus petit sous nos latitudes mais pointera cependant à 20 mètres. Le spécimen du jardin, qui était déjà là à mon arrivée, fait bien dans les 15-20 mètres pour une dizaine d’envergure dans sa partie basse.
Son feuillage est caractéristique et ne peut être confondu avec un autre. Il semble avoir été découpé avec des ciseaux. Caduc, il est d’un vert assez banal pendant la saison mais se pare progressivement en automne d’un jaune d’or des plus décoratifs ! Marié à des feuillages rouges le contraste est somptueux.
Si ces feuilles sont originales, ses fleurs ne le sont pas moins, mais il faut de la patience pour pouvoir admirer sa première floraison. Son nom vernaculaire s’explique de par ses corolles qui ressemblent à des tulipes, même si certains y voient plutôt une ressemblance avec les fleurs d’un magnolia, un genre voisin. Dans tous les cas, elle ne se remarque pas spécialement de loin mais mérite de la regarder dans le détail.
Jaune pâle, de texture épaisse, les fleurs sont décorées de flammèches orangées d’où émergent de grosses étamines charnues particulièrement visitées par les butineurs. Les frelons en semblent d’ailleurs très friands.
Une fois fanées, des akènes leur font place et tomberont au sol. Il peut ainsi se ressemer si les conditions lui conviennent.
Rustique au moins jusqu’à -30°C, de croissance rapide, le Liriodendron apprécie les sols profonds, drainés mais frais, neutres à acides, à exposition ensoleillée ou mi-ombragée.
Il adopte un port conique et son bois, apprécié en ébénisterie est cependant cassant. Cela lui confère un avantage dans la mesure où il est en quelque sorte autonettoyant. Il n’est en effet pas rare de trouver des branches mortes à son pied.
L’or du Liriodendron et le rouge d’un Viburnum s’associent dans un contraste des plus chauds à l’automne.
Il n’aime pas trop la taille mais peut supporter d’être délesté de quelques branches basses encombrantes.
Je suis particulièrement content de pouvoir profiter d’un tel sujet au jardin. Vu sa taille et sa générosité quand il fleurit, ce n’est pas un petit jeunot. Et quand il revêt sa robe dorée à partir d’octobre c’est un vrai soleil au jardin !
Créé par jardindeluchane le 26 mai 2018 | Dans : Paysagistes
La France a Le Nôtre. La Grande-Bretagne a ‘Capability’ Brown. Pourtant, la comparaison s’arrête à leur notoriété tant leurs visions du jardin les opposaient.
Né en 1716 à Kirkhale, une petite ville du Northumberland dans le nord de l’Angleterre, ce visionnaire a joui au 18e siècle d’une réputation exceptionnelle. Souvent vertement critiqué, son nom est tombé dans l’oubli pour regagner ses lettres de noblesse à l’occasion du tricentenaire de sa naissance en 2016.
De son vrai nom Lancelot Brown, il a été surnommé ‘Capability Brown’ car il avait pour habitude de dire à ses clients que leur propriété recelait de ‘great capabilities‘ (‘un grand potentiel’).
Il débute le jardinage à l’âge de 16 ans et travaillera avec William Kent, autre nom célèbre dans l’art des jardins et considéré comme le véritable inventeur du concept de jardin de style anglais.
‘Capabality’ Brown est cependant considéré par certains comme le premier architecte paysagiste. Au début du 18e siècle, l’influence du jardin à la française règne encore. Mais le concept de jardin géométrique aux broderies bien ordonnées a fait son temps. Désormais, la tendance est au ‘naturel’, à un retour aux paysages tout en courbes qui s’intègrent dans le décor et semblent exister sans que l’on n’y perçoive l’intervention de l’homme. C’est en ce sens que ‘Capability‘ Brown sera sûrement l’un des plus ardents promoteurs du jardin à l’anglaise.
Ainsi, Brown décide de magnifier le paysage existant. Il travaille les perspectives afin de les rendre époustouflantes, s’appuyant d’ailleurs souvent sur des éléments existants (église, château, point de vue…). Dans le même esprit, il utilise souvent les ‘Ha-Ha’, ou ‘sauts-de-loup’. Cette technique, à la fois esthétique et pratique permet, en créant un fossé muré à fond plat, d’empêcher les animaux de remonter tout en étant invisible depuis le niveau supérieur. Les perspectives sont ainsi préservées.
Le ‘Ha-Ha’ ou ‘Saut-de-loup’ permet de préserver les perspectives tout en conservant une fonction pratique.
Il crée également des ponts qui enjambent des lacs et étangs de grandes dimensions dont le dessin en courbes laisse penser qu’il s’agit en fait de rivières. C’est d’ailleurs peut-être là sa principale marque de fabrique.
Les pelouses de Brown viennent s’échouer jusque devant les demeures, chassant l’idée de jardin régulier que l’on observe depuis les fenêtres.
Si les platanes et les cèdres ne sont pas des espèces endémiques d’Europe, Brown en est pourtant friand (en particulier du Cèdre du Liban) et les utilisera en nombre, y compris dans les ‘clumps‘, ces bosquets constitués d’essences mono-spécifiques.
Les édifices ne sont pas oubliés et sont souvent de style Gothique ou Néo-classique.
A l’origine de près de 250 jardins de renom – qui représentent quelques 2000 km² (soit l’équivalent de la superficie de l’Île Maurice!), ses réalisations sont souvent gigantesques et réservées à une clientèle très aisée. Les projets, dont le budget est parfois exorbitant (plusieurs millions d’euros actuels) s’étalent de 2 à 30 ans et réclament une main d’œuvre importante. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque seuls les chevaux et les outils manuels étaient utilisés.
Brown trouve ses nouveaux chantiers par recommandation, et sa nomination par George III en 1764 en tant que ‘Jardinier Royal’ à Hampton Court finit d’asseoir sa réputation.
Pourtant, ‘Capability’ Brown, s’il est admiré, est aussi largement critiqué par certains qui, comme la célèbre paysagiste Gertrude Jekyll le considèrent comme un ignorant manquant totalement de goût et dont le travail n’est que du naturel ‘en toc’. Ainsi, un siècle plus tard sa réputation est au plus bas. On s’en souvient comme d’un ‘plouc’ qui avait escroqué nombre de propriétaires en saccageant le domaine de leurs ancêtres.
Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui il est considéré comme un maître dans son domaine et que nombre de ses réalisations (environ une vingtaine), gérées et entretenues par le ‘National Trust’ (une association dont le but est la conservation et la mise en valeur des monuments et sites d’intérêt collectif) sont encore préservées et ouvertes à la visite. Parmi elles, citons :
‘Capability’ Brown meurt à Londres en 1783 à l’âge de 67 ans mais son nom restera à jamais gravé dans l’histoire des jardins, en particulier lorsque l’on évoquera les ‘jardins anglais’.
Pour plus d’information sur les jardins de ‘Capability Brown’, n’hésitez pas à consulter le site du National Trust.
Créé par jardindeluchane le 24 mai 2018 | Dans : ROSIERS DU JARDIN
Philippe Noisette (1814) – Noisette [Rosier de Chine 'Old Blush' X Rosa moschata]. Arbustif (1,80 m) ou grimpant (3 à 4m).
Ce rosier ancien, le premier du groupe ‘Noisette’, obtenu aux Etats-Unis doit son nom à son obtenteur Philippe Noisette.
C’est un très beau rosier qui peut être utilisé aussi bien en grimpant qu’en arbustif selon la taille effectuée. Ici au jardin les deux pieds sont tous deux arbustifs.
Au mois de mai les boutons rose foncé à lilas s’épanouissent pour passer du rose clair au blanc rosé au fur et à mesure de leur maturité. Les fleurs doubles sont légèrement parfumées (notes de clou de girofle) et remontent jusqu’à l’automne.
Leur couleur mérite que l’arbuste soit placé plutôt à mi-ombre afin de ne pas écraser ses teintes douces.
Le tout est porté par de longues tiges souples qui confèrent à ce rosier un port évasé et gracieux. Les ‘Noisette’ sont réputés plutôt inermes (sans épines) mais ‘Blush Noisette’, sans être hyper agressif n’est cependant pas dépourvu d’aiguillons.
Rustique et résistant à la sécheresse une fois installé, il appréciera cependant quelques arrosages par temps très sec qui favoriseront la remontée.
Il est un peu sensible à la pluie qui gâche quelque peu sa floraison.
La taille s’effectue à la fin de l’hiver et supprimer régulièrement les fleurs fanées en saison favorisera les remontées.
Plein de grâce, il convient parfaitement dans un jardin de style naturel et romantique comme ici.
Une valeur sûre qui, contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer, ravira bien plus les jardiniers que les écureuils !
Créé par jardindeluchane le 23 mai 2018 | Dans : ROSIERS DU JARDIN
Robichon (1968) – Hybride moderne. Liane (6 mètres et plus).
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Ce rosier est une pure merveille de générosité lorsqu’il fleurit fin mai. Il est alors couvert de fleurs semi-doubles (environ 8 cm) d’un rouge profond et vif (mais non parfumées) qui affichent des reflets framboise au fur et à mesure que la fleur s’épanouit. Sa couleur varie également selon la luminosité mais reste toujours réellement captivante ! Point positif, il résiste très bien à la pluie et ses fleurs gardent une très belle tenue même après les grosses averses qui ne manquent pas dans la région.
Il pousse ici sur une grande pergola en bois peinte en blanc et l’effet est tout simplement magique. Les tiges particulièrement épineuses (un sécateur à long manche est donc très utile au moment de le tailler à la fin de l’hiver) retombent, comme le nom de cette variété le laisse supposer, en longues guirlandes souples avec beaucoup de grâce. L’ensemble est à la fois tonique et romantique.
Plus tard en saison, en particulier si l’on prend la peine de supprimer les fleurs fanées, de nouvelles fleurs apparaissent régulièrement jusqu’à l’automne, mais avec cependant moins de faste que lors de la première floraison.
A l’automne, des gros cynorhodons orangés complètent l’effet décoratif.
En automne, et si l’on pense à ne pas couper trop de fleurs, de gros cynorhodons orangés complètent le décor.
Toujours sain, apparemment très bien adapté au climat Béarnais (il est donné pour être également adapté aux régions chaudes), je pouvais difficilement trouver mieux pour la pergola. Je l’avais pourtant choisi un peu au hasard.
Depuis sa plantation à l’automne 2010, non seulement il ne m’a jamais déçu mais il est même de plus en plus beau et, cerise sur la gâteau, il se bouture très bien.
Alors bien sûr il faut aimer le rouge au jardin, même si ce rouge évolue vers un rose violacé plus doux, mais c’est de mon avis un rosier exceptionnel sur lequel les visiteurs s’extasient lorsqu’ils le voient en fleurs en mai.
Même si le rouge reste la couleur dominante, des teintes framboise (moins prononcées que le rendu de cette photo pourrait le laisser penser) apparaissent selon la maturité des fleurs et la lumière.
Si vous avez un peu de place à lui offrir, n’hésitez pas à décorer votre jardin de ses belles guirlandes.
Créé par jardindeluchane le 21 mai 2018 | Dans : Arbustes du jardin
Etant un grand classique dans les jardins parfumés, et comme je suis très sensible aux plantes parfumées, j’ai souhaité installer un exemplaire de cet arbuste réputé pour ses effluves puissantes.
Ce Philadelphus est une petite déception… Si le plant acheté en jardinerie (variété inconnue, si un lecteur a une idée, je suis preneur !) il y a une dizaine d’années s’est certes bien développé, je cherche encore d’où lui vient sa réputation (et son surnom de ‘Jasmin des poètes’). Je m’attendais en effet à le sentir sans avoir besoin de mettre le nez dedans. C’est le cas avec d’autres plantes du jardin, comme par exemple le Daphne odora Marianni ‘Rogbret’, le Trachelospermum jasminoides ou certains rosiers. Même le ‘vulgaire’ Coronilla glauca possède plus de puissance.
L’arbuste, qui mesure près de 3 mètres huit ans après sa plantation pousse à mi-ombre sous le couvert d’un tilleul au feuillage caduc, près du bassin. Il ne reçoit le soleil que quelques heures en fin de journée. Serait-ce là le hic ? Un manque de chaleur pour exprimer son parfum avec toute sa puissance ?
Son feuillage vert est banal en saison mais peut parfois se parer de belles teintes dorées avant de tomber.
Fin mai, il fleurit abondamment. Ses fleurs blanches à 5 pétales disposés en étoile autour d’étamines blanches à anthères jaunes sont très élégantes. Elles diffusent donc (pour l’exemplaire que je possède) un parfum doux et sucré mais peu puissant.
Le reste de l’année il n’offre pas un grand intérêt ornemental. Il serait donc malvenu de le planter en isolé au milieu de la pelouse. C’est avant tout un arbuste de haie et d’arrière-plan, qui sera intéressant sur une courte période et servira de faire-valoir à des végétaux plus raffinés le reste du temps.
Il accepte donc la mi-ombre, se plaît dans le sol lourd et argileux du jardin, supporte la sécheresse et n’est pas sensible aux maladies.
En été, le philadelphus ne présente pas un intérêt majeur. Il convient donc de l’accompagner de plantes plus décoratives.
Je ne le taille pas souvent (sans doute pas assez d’ailleurs). Cette année (2018) je vais essayer d’être plus attentif et je le ferai juste après la floraison qui a lieu en ce moment pour l’inciter à rester bien compact et à fleurir davantage.
Il se marcotte très facilement et même tout seul parfois. J’ai ainsi retrouvé une marcotte enracinée cette année que j’ai séparée et placée en pot pour la fortifier avant de l’utiliser pour poursuivre la haie.
Un jour, il faudra que je tente une variété de seringat plus parfumée. Un jour…
Créé par jardindeluchane le 20 mai 2018 | Dans : VIVACES DU JARDIN
Stachys bizantina forme de beaux tapis persistants, comme ici au jardin en mai en compagnie de rosiers, de graminées et de vivaces.
De la famille des menthes, des sauges et autres romarins (lamiacées), l’épiaire laineuse est tout autant une plante visuelle que tactile.
Ce couvre-sol présente en effet un feuillage persistant et d’une vraie teinte grise (d’autant plus qu’il sera à exposition ensoleillée et en sol sec) très dense qui est recouvert d’une sorte de duvet d’une douceur incroyable.
Haute d’environ 20 cm, cette vivace rustique (donnée pour supporter -15°C sans problème) s’étend rapidement pour former un tapis que peu d’herbes indésirables viendront perturber. Elle n’est cependant pas envahissante car facile à arracher si nécessaire. Les éclats récupérés reprennent d’ailleurs très bien, ce qui permet de l’installer à plusieurs endroits.
En mai, des tiges de 50 à 70 cm, tout aussi duveteuses, s’élèvent au dessus du feuillage et portent de petites fleurs violettes. Certains jardiniers préfèrent couper ces tiges pour conserver un port compact à la plante et la cantonner uniquement à son rôle de couvre-sol.
La floraison, discrète, se fait sur de longues tiges qui nuisent un peu à la densité de la plante. Il est donc envisageable de s’en passer en les coupant.
A l’aise dans les sols secs comme lourds (comme c’est la cas ici), neutres à calcaires, l’épiaire se contente de peu. Pour ce qui est de l’entretien, il suffit (en plus de la taille des tiges florales si cette option est retenue) de limiter son expansion en l’arrachant à la main ou par quelques coups de bêche si elle se trouve en bordure de massif.
Utilisée ici au pied du rosier ‘Robin Hood’, l’épiaire sert d’écrin tout en adoucissant les couleurs vives.
Ici je l’utilise en effet au pied des rosiers et arbustes dont elle met le feuillage ou la floraison en valeur de façon neutre (comme toutes les plantes grises).
En novembre, sa teinte gris clair crée un contraste particulièrement intéressant avec le feuillage lie-de-vin d’un Viburnum plicatum mariesii (au milieu duquel un noisetier qui s’était ressemé a été depuis arraché).
N’hésitez pas à l’adopter, pour ses nombreuses qualités et sa facilité de culture, et peut-être aussi car cette plante ‘peluche’ vous fera un peu retomber en enfance…